La reconstruction d’Haïti six ans après le séisme

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PLUSIEURS chantiers sont au point mort depuis 2015
PLUSIEURS chantiers sont au point mort depuis 2015

Beaucoup d’Haïtiens s’interrogent sur la situation de la reconstruction 6 ans après le séisme du 12 janvier 2010. Certains affichent leur inquiétude quant à l’aboutissement du processus de reconstitution physique des villes détruites par cette catastrophe. Une appréhension motivée par les suspicions qui tournent autour des fonds alloués aux différents projets.

En 2016, c’est le retard observé dans la reconstruction des bâtiments de l’administration publique qui attire l’attention. Hormis le Palais National dont la remise sur pied ne semble pas à l’ordre du jour pour des raisons qui dépendent des autorités, la réfection des édifices de l’État a été confiée à l’UCLBP, Unité de Construction de Logements et de Bâtiments Publics, pilotée par un comité, dirigé par le Premier ministre, qui « définit ses orientations stratégiques ».

Six ans après le séisme, le seul bâtiment achevé et mis en service est le Palais de la Cour de Cassation de la République, reconstruit grâce à un don de Taïwan entre le 13 août 2013 et le 14 juillet 2015. Il fait partie du projet de construction de la Cité Administrative qui intègre le Champ-de-Mars. La Renaissance du Champ-de-Mars comprend outre la réfection du Palais de la Cour de Cassation, le Rex Théâtre, le Musée du Panthéon National (MUPANAH), le Kiosque Occide Jeanty, le Ministère du Commerce et de l’Industrie (MCI), la Place des Artistes, le Ciné Théâtre Triomphe et le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales (MICT). Les deux dernières infrastructures citées ont été inaugurées respectivement le 20 juin 2015 et le 4 février 2016, sans pour autant s’ouvrir aux activités. Quant au siège du MCI, il est en phase d’achèvement comme on peut le constater sur la Rue Légitime, à côté du commissariat de Port-au-Prince qui, en dépit de son état de délabrement, héberge des agents de la PNH et accueille des dizaines de contribuables chaque jour.

LE PROJET DE reconstruction du centre ville de Port-au-Prince en souffrance
LE PROJET DE reconstruction du centre ville de Port-au-Prince en souffrance

D’autres chantiers sont en cours actuellement dans le cadre de la Cité Administrative de Port-auPrince qui s’étend entre le Bicentenaire et le Champ-de-Mars. Citons entre autres ceux de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administrative (CSA/CA), du Ministère de l’Économie et des Finances (MEF), de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de l’Administration Générale des Douanes (AGD). Les trois derniers sont conduits par des firmes taïwanaises dont le pays est le donateur. Pourtant, ce sont les Dominicains qui avaient la charge de l’érection du MICT, MCI, de la réhabilitation du Ciné Théâtre Triomphe, du Kiosque Occide Jeanty et du Palais Législatif.

Des retards à combler

La violation de certaines clauses par les firmes dominicaines et les dénonciations visant des irrégularités dans l’attribution des contrats ont poussé les nouvelles autorités à rompre les collaborations de l’État haïtien avec les compagnies voisines. Décisions qui ont pour conséquence l’arrêt de bon nombre de travaux comme ceux ayant trait à la reconstruction du siège du Parlement haïtien.

Deux autres chantiers importants sont à signaler puisqu’ils concernent la reconstruction post-séisme. Celui de l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti et de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l’UEH est sur la bonne voie, mais il ne devrait pas respecter les échéances (2017) à cause d’un retard de 14 mois qu’avaient déploré les autorités haïtiennes. Le gouvernement haïtien, ceux de France et des ÉtatsUnis financent les travaux de l’HUEH à hauteur de 33 millions et 25 millions de dollars, respectivement.

Le dernier chantier à signaler est celui des locaux du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) qui se développent sur la Rue Audain, à environ 1 kilomètre du Champde-Mars. Un bâtiment de 4 niveaux sera érigé sur une superficie de 8000 mètres carrés. La Banque Mondiale consentira 8 millions des 12 millions de dollars que coûteront les travaux.

Il faut croire que la reconstruction d’Haïti suscite un long questionnement. Certains s’interrogent par exemple sur ce qui justifie la reconstruction du Ministère de l’Intérieur avant celle du Ministère de l’Éducation Nationale. Pourquoi envisager la réfection du Ciné Théâtre Triomphe, pour le garder fermer un an après son inauguration, avant les locaux de la DGI et de l’AGD qui renflouent les caisses de l’État ?

Guamacice Delice