Nathan Laguerre, un nom à retenir

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Me Nathan Laguerre, lauréat du Prix Mario Stasi 2018. Photographies Par Timothé Jackson/ Challenges
Me Nathan Laguerre, lauréat du Prix Mario Stasi 2018. Photographies Par Timothé Jackson/ Challenges

Il fait la fierté de ses compatriotes vivant en France pour avoir remporté en novembre 2018 la finale du concours international d’éloquence et de plaidoirie, le « Prix Mario Stasi », à Paris. En Haïti, il est sans conteste un modèle pour des milliers de jeunes qui ambitionnent
de gravir des échelons.

Il n’était pas à son premier coup de maître. Avant le fameux Prix Mario Stasi, le jeune avocat haïtien, Nathan Laguerre, avait remporté en 2016 le concours de plaidoirie du Barreau de Port-au-Prince et avait figuré sur la liste des finalistes d’un concours d’éloquence à Yaoundé (en Afrique). Cette capacité de gagner lui a été insufflée, sans l’ombre d’un doute, par Me Stanley Gaston, le Bâtonnier de l’ordre des avocats de Port-au-Prince, qui lui avait ouvert les portes du Barreau, en tant que stagiaire. En effet, révèle-t-il, « c’est sous l’impulsion du bâtonnier que j’ai pris plaisir à participer à ces compétitions de haut niveau ». Et fort de ce rayonnement, il bénéficie d’un stage de deux mois au cabinet de Me Dominique Tricaud, à Paris. Au cours de cette période d’exercices pratiques très pointus, Nathan s’est confronté aux réalités françaises et imprégné des dossiers sur lesquels il travaillait.

Le seul cas qu’il a eu le temps de plaider avait abouti à une relaxe. Il faut aussi souligner l’implication du Bureau des Droits Humains en Haïti (BDHH) qui a contribué largement au perfectionnement de son art oratoire.  « Au BDHH, les simulations des équipes qui s’affrontent, plaident…permettent d’avoir les armes nécessaires pour exercer le métier d’avocat ». Me Laguerre indique avoir utilisé les enregistrements vidéo pour identifier et corriger ses lacunes. Quand il a été choisi pour représenter Haïti au concours international d’éloquence et de plaidoirie dans la capitale française, le jeune avocat de 29 ans s’est conditionné à le faire avec intelligence. « Je ne savais pas que j’allais gagner, je me disais tout simplement que je devais faire ce que j’avais à faire », confie-t-il. Étant un modèle pour les jeunes de son pays, il entend prêcher par l’exemple en continuant à se former pour gravir bien d’autres échelons. Il affirme que «Les codes et les manuels de procédures ne suffisent pas pour faire de vous un avocat éloquent, il faut aussi et surtout une solide culture juridique, politique, culturelle… ». Bien qu’il soit aujourd’hui davantage sollicité, il garde les pieds sur terre : « Je suis tout le temps moi-même, je compte le rester, tout en poursuivant ma formation pour demeurer dans les standards. Comme pour les mathématiques, on doit continuer à s’entraîner sinon on perd la pratique ». Le prix portant le nom du très regretté ancien Bâtonnier du Barreau de Paris, Mario Stasi, participe d’une initiative visant à dénoncer toute forme de violence et de persécution que subissent des avocats dans le cadre de leur mission de défense, dont le cas de Saif-Ul-Mulook forcé de quitter son pays, sous la menace d’islamistes radicaux, après avoir obtenu la libération d’Asia Bibi, une Pakistanaise chrétienne condamnée à mort pour motif de blasphème envers l’Islam en juin 2009. Nathan Laguerre a défendu brillamment ce cas et a eu ainsi raison des Barreaux de Paris, de Toulouse, de Genève, de Bruxelles, de Montréal et du Togo dans le cadre de la quatrième édition du Prix Mario Stasi. Dans son intervention, il a appelé à la mobilisation en faveur de Saif-Ul-Mulook et de tous les autres avocats en danger dans le monde.

Cossy Roosevelt