L’obligation de protéger ses investissements

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Istock/ Getty Images
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Plus de deux mois après les émeutes de juillet dernier, aucun bilan définitif des dégâts n’est toujours disponible. Quelques rares entreprises commerciales victimes ont déclaré le coût total des pertes enregistrées auquel vient s’ajouter celui des nouveaux dispositifs de sécurité.

Rideaux de fer, clôture en béton de plus de 3 mètres de haut, cameras de surveillance placées en lieu stratégique…la majorité des propriétaires de supermarchés, de magasins et de banques commerciales victimes lors des émeutes des 6,7 et 8 juillet investissent gros pour se protéger contre d’éventuelles attaques, au cas où il y aurait de nouvelles turbulences politiques dans le pays. Il est de coutume en Haïti qu’à chaque mouvement antigouvernemental des biens publics et privés soient pris pour cibles. Lors du « dechoukaj » qui a suivi la décision des autorités d’augmenter les prix des produits pétroliers de plus de 50 % sur le marché local , toute institution prétendument concernée par la vente des produits de première nécessité et de matériels en tout genre, a subi de plein fouet les attaques des casseurs. Dans le lot, on peut mettre les quatre Delimart pillés, Eagle market, MSCplus, Intérieur chic, et les installations de Nissan sur la route de l’aéroport, fraîchement inaugurées.

Précaution oblige
Les supermarchés qui avaient été épargnés, probablement par chance, n’entendent pas rester les bras croisés. Eux aussi ont adopté de nouvelles mesures pour protéger les investissements consentis. Entre autres, le renforcement de l’effectif des agents de sécurité, l’installation de géantes barrières en fer forgé, comme c’est le cas avec Giant de Delmas. De son côté, la Police Nationale d’Haïti (PNH) rassure que toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour éviter la répétition de pareilles violences. Les entreprises commerciales ayant subi des dommages mineurs (vitres cassées,  portes enfoncées, début de pillage) n’ont pas pris de temps avant de renouer avec les bonnes habitudes. Dans la foulée, la monnaie nationale reprenait sa descente aux enfers, affichant un taux de 70 gourdes pour  1 dollar, fin août.

Affaiblissement du pouvoir d’achat
Les prix des produits de première nécessité ont connu une hausse d’au moins 8 % au cours du deuxième trimestre 2018 (par rapport à la même période en 2017), selon un bulletin du Conseil National de la Sécurité Alimentaire (CNSA). Pour la période juillet-août-septembre 2018, dont le début a été marqué par de violentes émeutes, le panier de la ménagère a accusé une hausse de plus de 10 %. C’est dans ce contexte économique extrêmement difficile que les parents étaient appelés à faire face à la rentrée des classes. Ainsi, en raison de la hausse du dollar, les commandes de matériels scolaires et autres produits ont été placées à la dernière minute.

Cossy Roosevelt