Plus de 20 000 étudiants participent, deux fois par an, aux examens de l’École de Droit et des Sciences Économiques des Gonaïves. Ces contrôles permettent à l’EDSEG d’avoir les moyens de sa politique mais aussi et surtout représentent une source de rentrées pour le secteur touristique.
À Port-au-Prince comme dans les autres villes des différents départements du pays, la veille des examens à l’École de Droit et des Sciences Économiques des Gonaïves, des centaines de jeunes se rassemblent dans des stations d’autobus alors que d’autres s’organisent en location ou en privé. Destination : la Cité de l’indépendance. En fonction du point de départ (Ouest, Bas-Artibonite, Nord-ouest, Nord, Nippes), le déplacement dure entre une et quatre heures. Une fois arrivés dans la quatrième ville d’Haïti, la première chose à faire reste de trouver un endroit où se loger. Le campus universitaire ne pouvant les accueillir tous dans des conditions confortables, ne disposant pas de dortoir, les hôtels à prix abordables ont la part belle. Ceux dont les moyens sont très limités se casent chez des amis, ou encore se résignent à dormir sous des tentes ou dans des salles de classe.
L’EDSEG transformé en un centre commercial
Restaurants de fortune, marchands de boissons de toutes sortes, étalages de tous les accessoires nécessaires pendant les jours d’examens, bouquinistes, cireurs de chaussures, taxi-moto…tout y est. Les étudiants ont tout à leur portée à des prix variés. Sur le site, il faut en moyenne 500 gourdes par jour pour manger et boire, les autres frais non inclus. Mais ceux qui fréquentent les restaurants chics de la ville dépenseront jusqu’à 1 000 gourdes pour un plat de poisson rose ou de homard accompagné d’un verre de jus naturel. S’agissant de 20 000 consommateurs, les rentrées d’une semaine peuvent être estimées à plus de 30 millions de gourdes rien que pour le volet restauration. Si l’on considère les frais de 3 000 gourdes réclamés par étudiant pour pouvoir passer les épreuves, environ 60 millions de gourdes seraient comptabilisées dans l’économie de la ville. Un montant (90 millions) qui peut être multiplié par deux si l’on tient compte des sommes collectées par les hôtels, les centres commerciaux, les services de transport… Au terme des trois jours d’épreuves pour les étudiants en première année (Droit et Économie), certains se sont donnés du temps pour visiter quelques sites touristiques de la Cité de l’indépendance et acheter quelques souvenirs.
Pour une meilleure organisation
« Le site dispose de suffisamment d’espace pour construire de nouveaux locaux et un dortoir pour les étudiants qui arrivent des autres villes du pays », remarque un jeune de l’annexe Jean XXIII qui a installé une tente à l’entrée du bâtiment principal de l’EDSEG, déplorant du coup l’environnement dans lequel évolue une École d’enseignement supérieur de si grande renommée. Ce ne sont pas les projets qui manquent, à en croire le Décanat de l’EDSEG. Construction de nouveaux locaux, réhabilitation totale du campus…les plans sont dans les tiroirs, il faut tout simplement trouver les moyens financiers nécessaires pour lancer les travaux, informe-t-on. « Vu son ancienneté (créée le 7 novembre 1912), l’École de Droit et des Sciences Économiques des Gonaïves, une entité de l’Université d’État d’Haïti (UEH), devrait pouvoir recevoir un traitement digne de son rayonnement national et international », croit Alix, étudiant en sciences juridiques. Tout comme lui, d’autres jeunes qui sont venus de très loin ont dû se loger et manger à prix fort dans des hôtels de la place. Si le campus donne l’impression d’une zone désertique et abandonnée, la ville des Gonaïves, dont la grande majorité des artères principales est bétonnée et/ou asphaltée, est relativement attrayante. Le plus important à noter, les Gonaïviens sont parmi les Haïtiens les plus courtois et les plus accueillants du pays, des qualités qui plaisent beaucoup aux touristes étrangers et locaux.
Cossy Roosevelt