L’amoureux d’Haïti

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Lori Manuel Steed

Jusqu’au 25 juin à l’Espace Fouchard, Marc Lee Steed présente Objectif Haïti, un condensé de ses périples dans les tréfonds d’Haïti. Une quinzaine de clichés pour nous faire découvrir Haïti dans toute sa magnificence. Une incursion photographique dans l’âme haïtienne.

L’œuvre du photographe haïtien Marc Lee Steed constitue une source d’images sur Haïti. L’exposition présentée à l’Espace Fouchard de Pétion-Ville est une ambition poétique destinée à montrer les facettes paisibles d’un pays dont l’image chaotique est trop souvent mise de l’avant.

A la découverte d’Haïti depuis 1989
La carrière du photographe débute alors qu’il est à l’extérieur du pays. Le régime duvaliériste bât son plein. Les images en provenance d’Haïti, à l’époque, font écho à une violence criante. En mission pour l’Unicef, Marc Lee Steed découvre lors de son affectation en dehors de la capitale une Haïti méconnue, riche en paysages mobiles et immobiles. Il sera marqué par les gens et les paysages croisés au cours de ce voyage. C’est le début d’une longue traversée pour dénicher, pour capturer, l’essence d’Haïti. Depuis 1989, Marc Lee Steed parcourt le pays, voyageant dans les coins les plus reculés, dans des conditions souvent difficiles, restituant au fil des années la beauté encore trop peu connue de son pays. Une manière de montrer la nécessité de préserver ce que l’île offre de plus beau. Avec cette exposition, à travers une quinzaine de clichés soigneusement choisis, il a voulu tout simplement montrer son pays dans toute splendeur partout où il a pu la trouver.

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Photographies par Marc Lee Steed

Tant de lieux l’ont marqué au cours de ses voyages à travers le pays, bien sûr certains plus que d’autres. « Je pense entre autres à Lakou Souvenance près des Gonaïves, aux Sources chaudes dans le “Far West” et aussi à la forêt du Parc de la Visite à Seguin », explique-t-il. Pour lui, cette exposition dégage un sentiment de calme et de paix qui tombe à propos dans ce climat particulièrement fragile : « Cette collection ne représente qu’une partie de mon œuvre. Ce n’est qu’un prélude de ce que j’ai à montrer au public. L’homme, la nature, la culture, tout m’intéresse sur cette terre, même l’invisible. »

Un jeu d’ombres et de lumière
Pour cette exposition, il a opté pour trois techniques d’impression : transfert d’émulsion recouvert de plexiglas, jet d’encre sur papier métallique et impression sur toile. Il confie que la première chose qui capte son regard c’est la lumière, ce jeu sensuel entre les ombres et la lumière. Cette lumière dont il parle est particulièrement belle en Haïti selon lui. Ses photographies sont d’une puissance tranquille. En les observant, on pourrait entendre la voix d’Haïti murmurer tellement cette beauté gaspillée est puissante. Si Haïti pouvait s’exprimer à travers ses clichés, que dirait-elle au peuple haïtien ? « Elle lui dirait de se remettre au boulot pour faire revivre ce qu’elle était. Qu’elle ne doit pas être qu’un rêve, mais une réalité. »

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Carla Beauvais