On en parlait depuis près d’un an et il semble que cette fois soit la bonne. Haïti lance sa « marque-pays » en 2019. C’est désormais avec un visuel et une image forgée sur le consensus maximal possible pour valoriser Haïti que le pays se présentera devant le reste du monde.
L’Afrique du Sud, le Qatar, Le Maroc, la France, et plus près de nous le Pérou ou le Costa Rica … tous ont désormais une marque. Appelez cela un logo ou un slogan, mais en fait c’est bien plus que cela. La marque pays essaye en fait de partager en un clin d’œil et une phrase, la promesse qu’un pays fait à ses publics, qu’ils soient investisseurs, entrepreneurs locaux ou internationaux, touristes, ou tout simplement les Haïtiens eux-mêmes.
Une marque pays, pour quoi faire ?
L’objectif d’une marque pays n’est pas seulement d’attirer le tourisme. Elles se veulent des atouts clés pour attirer les investissements étrangers, soutenir les produits d’exportation, se différencier des autres pour présenter un avantage concurrentiel mondial. Elles concrétisent aussi des liens importants entre les actions et les efforts de collaboration entre le secteur public et le secteur privé. Enfin, c’est en général un moteur pour sensibiliser le public interne sur les opportunités et les possibilités que représente son propre pays. « Une marque de destination touristique comporte une combinaison stratégique d’éléments servant à l’identifier et à se positionner. Ces éléments, similairement à un produit de grande consommation peuvent être un ou des noms, signes, logos, slogans, couleurs, typographies, etc. La marque de destination est considérée comme étant un succès lorsqu’elle est capable de projeter une image simple, attirante, crédible, et distincte », explique Kotler*, l’un des papes du marketing mondial, qui lance le concept de la marque territoire au début du millénaire (Kotler et Gertner, 2002). Et l’on doit considérer qu’en effet, les territoires doivent aujourd’hui « se vendre » pour exister, et se présenter avec toutes leurs opportunités.
La promesse : yon tè, yon nanm, Une terre qui a une âme…
Le processus d’accouchement a donc abouti à un visuel : le logo, qui définit le pays à travers une typographie qui nous rappelle à la fois les arabesques de fer forgé typiques d’Haïti et des symboles qui nous ramènent aux premiers habitants de l’île. « Au moment de définir la marque, nous avons proposé de représenter visuellement le nom du pays en lui créant des éléments et une police de caractère basée sur la culture spécifique et autochtone du pays. La typographie est ainsi inspirée par les formes des expressions visuelles typiques du pays d’une manière professionnelle et cohérente », explique Gustavo Koniszczer. C’est simple et sobre, mais en même temps très sophistiqué et ses courbes qui semblent tracées à la main, comme artisanalement, sont en fait très étudiées. Bref, en un mot, HAÏTI redéfinit son fond par sa forme, en s’écartant des traditionnels symboles nationaux, historiques, artisanaux, voire clichés qui lui étaient souvent associés, mais en se rapprochant pourtant de ses racines. Cette marque pays ressemble à une promesse qui invite à découvrir les opportunités qui existent en Haïti, (parce que c’est précisément un pays vierge, avec beaucoup de choses à faire), donc à forger, main dans la main, avec des partenaires stratégiques locaux pour les transformer en idées et/ou entreprises, rentables et qui auront un impact positif dans le pays. En s’épurant dans son identité, Haïti se refait une jeunesse et semble vouloir participer à sa propre image au lieu de subir celle que les autres lui apposent… et lui imposent.
Stéphanie Renauld Armand