Pour marquer le Mois de l’Histoire des Noirs, la Maison Culturelle et Communautaire de Montréal Nord a accueilli du 24 janvier au 24 février 2019 une exposition photo de Richarson Dorvil sur le thème « Haïti, un autre regard.» Vingt-cinq clichés imprimés sur tissus et montés sur des cadres en bois, et 200 autres présentés sur grand écran à travers un diaporama, ont rythmé le décor de la salle.
De son paysage en passant par son patrimoine historique, ses mornes, sa culture, ses plages, son artisanat, son soleil d’or, ses danses vaudoues… Richarson Dorvil étale les images extraordinaires d’Haïti. « À travers cette exhibition photographique, je voulais surtout montrer qu’Haïti ne se résume pas à Port-au-Prince, au chaos politique, aux catastrophes naturelles et à la misère. J’ai trouvé juste de présenter aux amis québécois la face cachée de ce pays qui leur est toujours mal présenté, et ainsi raviver la flamme patriotique, la fierté dans le cœur des compatriotes vivant ici, qui traînent dans leur for intérieur l’ignominie que leur impose la sombre publicité des médias», explique-t-il. Fort heureusement, les visiteurs notamment l’honorable députée canadienne et représentante à l’Assemblée nationale des citoyens de Bourassa-Sauvé, Madame Paule Robitaille, ont accueilli l’exposition avec beaucoup d’émotions et d’intérêts. Selon M. Dorvil, ils ne s’attendaient pas à voir de telles images d’un pays trop souvent présenté comme une Île dévastée, quasi inexistant.

En clair, ils étaient émerveillés. Les meilleurs moments, déclare-t-il, ont été ceux partagés avec les jeunes des écoles St-Rémi, Calixa Lavallée et Coup de Pouce Jeunesse. « Ensemble, on a revu le passé glorieux de la terre de Dessalines, dans un présent peu luisant, qui, si nous le souhaitons de tout cœur se travestira en un futur étincelant. Ces échanges, dit-il, m’ont rempli de bonheur et me disent aussi que je n’ai pas eu tort d’arpenter Haïti et de présenter au monde sa face cachée.» Depuis qu’il a quitté son pays à cause de menaces de mort en mai 2017, Richarson Dorvil vit au Québec. Passer des plages chaudes et azurées à la blancheur et la rigueur de l’hiver a été une brusque et dure transition, mais, en peu de temps, il s’est adapté. «J’ai migré vers le meilleur pays au monde, où j’ai droit à l’éducation, au travail, à la santé et la sécurité. Comme je l’ai fait en Haïti, je respecte les lois, je n’essaie pas de réussir par des sentiers détournés. Je suis le parcours de tout nouvel arrivant, mais avec une grande détermination, une soif de réussir et une rage de vivre. Des bandits m’ont contraint à laisser mon pays, mais ils ne pourront pas chasser Haïti de mes veines». Auteur d’une dizaine d’ouvrages et passionné de photographie, Richarson Dorvil a toujours fait la promotion d’Haïti sur le plan culturel et touristique à travers ses œuvres. Dans son livre « Haïti, un pays à découvrir », il donne à voir une nouvelle image d’Haïti, une Haïti joyeuse, rieuse, pleine de couleurs, une île ayant beaucoup à offrir. Mais cette volonté s’est accrue en lui quand il a été pour la première fois en Europe et qu’une dame, étonnée par son langage, raconte-t-il, lui a demandé s’il y avait des écoles en Haïti. « Pour de nombreuses personnes disséminées à travers le monde, les Haïtiens vivent comme Zembla et Mugly dans la jungle.

Il fallait leur montrer qu’Haïti a elle aussi une histoire, une culture, un peuple et un passé glorieux ». Depuis qu’il s’est établi au Canada, Richarson Dorvil a publié deux livres, « Entre le rire et les larmes Vol II » et « Ti Richa » en version numérique. Il compte les imprimer et réaliser bien d’autres expositions pour montrer au monde la face cachée d’Haïti.
Aljany N. Zephirin