ENARTS, la restructuration en cours

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Le bâtiment de l'ecole nationale des arts (enarts). Timothe Jackson/ Challenges
Le bâtiment de l'ecole nationale des arts (enarts). Timothe Jackson/ Challenges

L’École Nationale des Arts fonctionne timidement depuis la signature de l’accord, en avril 2018, entre les étudiants réintégrés et le Conseil de Direction.Des dispositions ont été envisagées pour la reprise effective des cours à l’ENARTS. En l’état actuel des choses, une réforme totale est à considérer.

Alors que l’École Nationale des Arts pataugeait dans une crise apparemment sans issue, un pas significatif a été franchi avec la reprise des activités administratives, suite à la signature d’un accord entre le conseil de direction et les étudiants réintégrés qui réclament de meilleures conditions d’études à l’ENARTS. Un plan stratégique de restructuration a été également conçu par la direction générale en vue de redresser la situation.

Pour une reprise effective
Interrogé, le directeur général de l’ENARTS, M. Philipe Dodard a fait état de plusieurs actions, dispositions et projets qui devraient permettre à l’école de reprendre totalement ses activités. D’abord, l’acquisition d’un espace complémentaire et la réhabilitation de l’espace actuel. Les quatre départements académiques de l’ENARTS se partageant son local disposent d’à peine huit salles de cours qui se transforment souvent en atelier de peinture, de danse, de théâtre et en auditorium. « Pour améliorer les conditions d’apprentissage, d’autres salles adaptées aux exercices des métiers de la scène vont être construites et certaines réaménagées », rassure M. Dodard, tout en soulignant que ces constructions peuvent se faire avec des matériaux légers facilitant le coût et le délai de réalisation. Une nouvelle filière artistique, « Restauration et conservation d’œuvres d’art », sera également implémentée à l’ENARTS dans le cadre de sa coopération avec l’École Nationale Supérieure des Arts Visuels (ENSAV) de La Cambre de Bruxelles, en vue de renforcer ses structures académiques. Cette formation post-bachelor sera programmée sur un cycle d’études de trois ans, une première année préparatoire suivie de deux années de finalisation. Elle s’organisera autour de trois spécialités : la peinture, la sculpture sur bois, et la céramique. « Nous prévoyons aussi de former des techniciens pour la reprise de la fonderie qui ne fonctionne plus depuis le décès du Maître sculpteur Ludovic Booz », informe le patron de l’ENARTS, avant d’ajouter : « La direction des Études travaille aussi sur un nouveau curriculum plus actualisé et nous pensons organiser un colloque au début du mois de juin sur l’enseignement des arts en Haïti si tout se passe bien avant d’élaborer le nouveau curriculum ».

Du sang neuf dans l’enseignement !
En raison de la nouvelle filière qui sera implémentée, du nouveau curriculum et du nombre peu élevé d’enseignants, l’École Nationale des Arts entend recruter de nouveaux professeurs pour faciliter l’apprentissage des étudiants. Des séminaires de formation pour les professeurs seront aussi programmés. Une politique de bourses d’études sera également établie afin de permettre aux étudiants d’approfondir leurs connaissances et de profiter de bien d’autres opportunités à travers le monde. En ce sens, L’ENARTS compte renforcer sa coopération avec l’École La Cambre de Bruxelles afin d’ouvrir de nouvelles portes pour les étudiants et de renouveler le personnel enseignant. Le conseil de direction de l’école s’engage aussi à faire respecter l’accord tripartite signé entre l’ENARTS, les ministères de l’Éducation Nationale et de la Culture visant à embaucher des étudiants de l’ENARTS pour dispenser des cours d’arts plastiques et de musiques dans le Nouveau Secondaire. « Les cours ne reprendront pas avant d’accomplir les phases les plus importantes de ce plan stratégique, devant satisfaire les attentes de toute la communauté de l’ENARTS », explique Philipe Dodart. La restructuration de l’ENARTS relève d’un grand défi tenant compte des contraintes internes et externes, selon Philippe Dodard qui s’engage tout de même à mener à bon port cette institution. « Notre détermination à relever ce défi a toujours guidé nos différentes actions entreprises au sein de cette institution », dit-il, convaincu qu’avec le concours du Ministère de la Culture et d’autres institutions publiques et privées, ils arriveront non seulement à poursuivre les travaux entamés mais aussi à concrétiser le rêve de férus d’art, en dotant le pays d’une école des arts digne de son nom. 

Aljany N. Zephirin