Militante politique, intellectuelle et chef du parti RDNP, l’ancienne sénatrice
et première dame Mirlande H. Manigat réaffirme qu’elle est en réserve
de la République pour apporter sa contribution à une meilleure Haïti.
Par Ralph Thomassaint Joseph
Mirlande Hyppolite Manigat est née le 3 novembre 1940 à Miragoâne dans le département des Nippes. Après son baccalauréat en 1958, elle intègre l’Ecole normale supérieure de l’Université d’Etat d’Haïti où elle décroche son diplôme en Sciences sociales en 1961. En 1963, elle est licenciée en Histoire à l’université de la Sorbonne (Paris) et, en 1964, elle obtient un diplôme en Relations Internationales. En 1968, elle décroche son doctorat en Sciences politiques à l’université de la Sorbonne. Le 5 septembre 1970, elle épouse l’intellectuel Leslie François Saint Roc Manigat. Ensemble, ils fondent le parti Rassemblement des démocrates nationaux et progressistes (RDNP) en 1979 dont elle est la secrétaire générale depuis août 2007. De février à juin 1988, Mirlande H. Manigat a été élue sénatrice de la République suite à son retour d’exil avec son mari en 1986. Elle s’est présentée comme candidate à la présidence lors des élections de 2010-2011. Depuis quinze ans, Mirlande H. Manigat a été successivement professeur, doyenne de la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l’Université Quisqueya et vice-rectrice de la coopération internationale. Elle est actuellement chargée de mission auprès du rectorat. Elle a, en près de cinquante ans de carrière, participé à plusieurs congrès, conférences et missions à travers le monde. Elle a également publié des articles dans plusieurs revues spécialisées et écrit plusieurs ouvrages sur le Droit constitutionnel dont le Plaidoyer pour une nouvelle Constitution.
L’INTERVIEW
Qu’est ce qui vous motive à faire encore de la politique en Haïti ?
« J’ai 75 ans. Autrement dit, j’ai plus que l’âge de la retraite et cependant, je continue à enseigner à l’université et à faire de la politique avec une responsabilité car je suis la secrétaire générale du RDNP. C’est peut-être insolite, incompréhensible, anormal mais la prolongation de la vie active dans ces deux domaines se justifie. En ce qui concerne l’activité intellectuelle, on n’a pas d’âge pour cesser de concevoir, d’écrire, de cogiter et même d’enseigner. C’est une question de capacité physique et intellectuelle. En ce qui concerne la politique, c’est beaucoup plus profond. Il y a trois raisons essentielles. D’abord, c’est la fidélité au parti dont je suis un membre fondateur et, en outre, je suis Madame Leslie Manigat. Leslie a fondé le parti et j’en assume la direction depuis 2007. C’est un engagement et c’est une fidélité. La deuxième raison, c’est que je suis une patriote très engagée. J’aime dire, parce que je le crois et c’est sincère de ma part, que je suis une privilégiée dans mon pays. Je ne suis pas une privilégiée de l’argent et de la position, j’appartiens à une famille de la classe moyenne, mais je suis une privilégiée du savoir. La troisième raison, c’est que je n’accepte pas le pays tel qu’il est. Vous savez, le pays est affligé par des inégalités innombrables. Je pense que j’ai une contribution à apporter pour résoudre tous ces problèmes. Tant que je suis dans cet état qui est le mien, je continuerai à faire de la politique. »
« LE PAYS EST AFFLIGÉ PAR DES INÉGALITÉS INNOMBRABLES. JE PENSE QUE J’AI UNE CONTRIBUTION À APPORTER POUR RÉSOUDRE TOUS CES PROBLÈMES »
Pourquoi, selon vous, bien que la société soit unanime à reconnaître vos compétences, le milieu des affaires ne vous a jamais supportée ?
« Vous avez épinglé le milieu des affaires mais ce n’est pas le seul. Beaucoup de gens disent que les femmes représentent 52 % de la population, vraisemblablement un pourcentage équivalent de l’électorat. Normalement, elles auraient dû voter pour moi mais elles ne l’ont pas fait en majorité. Nous n’avons pas une hostilité idéologique ou politique envers le secteur des affaires. Il n’y a pas d’antagonisme quelconque. Il y a certains membres du secteur des affaires qui partagent nos opinions, qui estiment, comme nous, que le pays ne peut pas continuer dans cette situation d’inégalité, d’accaparement de la richesse nationale par un petit nombre, par la non-satisfaction des besoins élémentaires de la population haïtienne. Malheureusement, peut-être, un trop grand nombre de membres du secteur des affaires ne l’estiment pas de cette façon. C’est peut-être parce qu’ils sont des affairistes. »
Vous évoquez Leslie Manigat, on sait qu’il nous a quittés avec pas mal de chagrins. Nourrissez-vous, pour votre part, des regrets ?
« Je dis toujours que je ne voudrais pas mourir malheureuse comme Leslie est mort malheureux. Il a toujours eu cet état d’esprit de n’avoir pas été compris quant à ce qu’il voulait faire. Non seulement lors de son bref passage au pouvoir mais aussi comme homme politique, ce qu’il offrait comme programme de développement pour le pays. Il n’était pas un révolutionnaire dans le sens idéologique du terme mais il était un révolutionnaire en ce sens qu’il faut changer les structures de la société haïtienne qui sont inégalitaires. Les trois dernières années de sa vie, il était malade et il ne voyait pas la nécessité de continuer à vivre. Mes regrets, ce sont évidemment les échecs. En 1988, j’étais sénatrice et en mai 2006 j’étais encore candidate au Sénat et j’avais retiré ma candidature avant le deuxième tour. Les gens n’ont pas compris pourquoi. Ils se sont imaginés – et c’est vraiment de la fantasmagorie – que c’est Leslie qui m’a obligée à me retirer. Au contraire, Leslie me disait que j’avais toutes les chances de gagner. Ensuite, il y a évidemment 2010-2011, vous savez que c’est moi qui avais gagné les élections mais qu’il y a eu des manœuvres orchestrées par des secteurs nationaux et internationaux pour m’écarter et pour placer Martelly. Je ne sais pas s’ils ont eu l’occasion de regretter mais je crois qu’une bonne partie de la population le regrette. »
Qu’est ce qui aurait changé en Haïti si Leslie Manigat avait été élu président en 2006 ?
« Beaucoup de choses. Cela aurait d’abord été un Leslie Manigat beaucoup plus mûr qu’en 1988. En 1988, il a pris le pouvoir dans des circonstances très difficiles. Il y avait l’armée d’Haïti toute puissante et les gens pensaient qu’il était l’homme de l’armée. Pas du tout ! Il ne connaissait pas les militaires. C’est quand il est devenu président qu’il a rencontré le général Namphy pour la première fois. Les militaires savaient qu’il n’était pas leur homme. L’homme avait changé pour le mieux. Il a eu une meilleure connaissance de la politique haïtienne. »
Pourquoi en 2010, alors que la popularité de René Préval était en déclin, vous n’aviez pas assumé le leadership de l’opposition ?
« Dans ma conception du leadership, il ne s’impose pas et ne se mérite pas nécessairement. L’éclosion du leadership, et surtout sa consolidation, dépend de plusieurs facteurs. Il n’y a pas dans notre système politique, la notion de leader de l’opposition ou, du moins, d’Opposition. Chez nous, l’opposition est plurielle. Il faudrait un consensus entre les différents secteurs formant l’opposition qui décident d’investir leur temps, leur énergie en quelqu’un capable d’assumer ce rôle. »
« IL N’Y A PAS DANS NOTRE SYSTÈME POLITIQUE, LA NOTION DE LEADER DE L’OPPOSITION OU, DU MOINS, D’OPPOSITION. CHEZ NOUS, L’OPPOSITION EST PLURIELLE »
Ne pensez-vous pas que vous étiez trop réservée à l’époque ?
« La réserve est peut-être une conséquence. Ce n’est pas un état d’esprit ou une décision. J’estime avoir eu un rôle à jouer et je l’ai joué. Mais, je n’ambitionnais pas de me mettre au pinacle et de me présenter comme leader de l’opposition. Je pense que ce n’est pas une question de modestie, je sais que j’en suis capable. J’ai l’avantage comme personne de savoir ce que je veux mais aussi d’avoir le contrôle de ce que je veux, c’est peut-être difficile à expliquer. Je ne serais pas étonnée si on me choisissait mais je ne mettrais pas en avant pour qu’on me choisisse. »
N’est ce pas cette réserve qui justifie votre échec aux élections de 2010 ?
« Je n’estime pas que c’est un échec. On a volé les élections. Jusqu’à la nuit du 3 au 4 avril, c’est moi qui étais élue. D’ailleurs, Pierre Louis Opont [alors directeur du Conseil électoral provisoire, NDLR] l’a dit : “Les résultats que j’ai publiés, ne sont pas ceux du CEP”. »
D’après vos informations, qui a décidé du résultat des élections ?
« Je crois que c’est une coalition des intérêts nationaux et internationaux. Une partie de la communauté internationale ne voulait pas de Manigat. »
Vous parlez de Madame Hillary Clinton ?
« Je l’ai rencontrée en Haïti. Il y avait Jude Célestin, Michel Martelly et moi. Elle nous a rencontrés séparément. Et vous savez, je n’ai pas le don de sentir quand je suis en face de quelqu’un, s’il m’aime ou me déteste, s’il parle sincèrement ou de manière hypocrite. J’ai eu ce malaise, c’est pourquoi je ne parle pas en présence de Madame Clinton. Il y a eu une coalition qui ne me voulait pas. Il y a eu au sein de la communauté internationale, une perception flatteuse pour moi, mais dommageable pour le pays : Madame Manigat, oui on sait elle est bien, elle est bien formée, elle n’est pas une révolutionnaire, elle est une personne modérée, tranquille, respectueuse des Droits humains, une intellectuelle, etc. Mais, de l’autre côté, c’était : Oh ! C’est un pantin arrogant, obscène. Mais est-ce que c’est ça que le pays mérite ? Vous me pardonnerez de ne pas donner mes sources. Martelly a dit “Nou fe ekperyans moun debyen, entelektyel, sa pa mache, ebyen nap fe eksperyans ak vagabon an !” Donc, le pays, à cette époque-là, ne méritait pas Mirlande Manigat. Leslie a aussi été victime de cette conception. »
DATES CLÉS 1968 Doctorat en Sciences politiques (Sorbonne) 1979 Création du parti RDNP 1986 Retour d’exil avec Leslie F. Manigat 1988 Sénatrice 2007 Secrétaire générale du RDNP 2010-2011 Candidate à la présidence |
Qu’était venue faire Hillary Clinton en Haïti ?
« N’oubliez pas qu’elle était secrétaire d’Etat et qu’Haïti c’est vraiment un pays qui leur a donné du fil à retordre, qui leur a donné des problèmes. Ce n’est pas un pays qu’ils ont réussi à modeler comme ils en ont modelé d’autres. »
Par modeler, voulez-vous dire contrôler ?
« Ils contrôlent une bonne partie du pays. Les Américains contrôlent le pays par l’argent. Il y a aussi l’impact de la proximité géographique qui joue un grand rôle. Si Haïti était une île perdue dans l’Océan indien, ils n’auraient pas eu ce contrôle. Leslie Manigat a beaucoup écrit sur l’attitude des Etats-Unis à l’égard des pays de la Caraïbe. Et s’ajoute à cela la question du trafic de drogue. Haïti est une voie de transport de la drogue de l’Amérique latine vers les Etats-Unis. Donc, ils ne peuvent pas être indifférents envers Haïti. »
Est-ce que les résultats des élections découlent des entretiens avec Hilary Clinton ?
« Je ne sais pas. »
« LES AMÉRICAINS CONTRÔLENT LE PAYS PAR L’ARGENT. IL Y A AUSSI L’IMPACT DE LA PROXIMITÉ GÉOGRAPHIQUE QUI JOUE UN GRAND RÔLE »
Al Jazeera a rapporté que l’Usaid finançait des groupes proches de Michel Martelly, le saviez-vous ?
« On m’en a parlé et ça ne m’étonne pas. »
Pensez-vous que les Clinton ont des intérêts personnels en Haïti ?
« Ils ont des intérêts économiques en Haïti. L’ennui est qu’ils sont difficiles non seulement à localiser mais aussi à évaluer. Ils ne sont pas étrangers aux recherches qui se font en Haïti pour découvrir le pétrole, l’or, etc. »
Michel Martelly a pris le pouvoir avec son passé que l’on connaît tous, comment aviez-vous vécu cela en tant que responsable politique ?
« Sur le coup, très mal car je me suis sentie flouée. C’était une légitime déception et, surtout, une réaction, heureusement passagère, d’orgueil. Me faire battre par cet homme, qu’il m’ait battue par ses propres moyens ou bien qu’il ait été aidé… Mais ça n’a pas duré. Martelly a dit à des amis que – lorsque je parlais dans les conversations, dans les interviews – je ne l’appelais pas président. Quand on m’a rapporté ça pour la première fois, je ne m’en étais pas rendu compte. Ce n’est pas quelque chose de conscient et délibéré. Je pense que, pour moi, malheureusement, je reconnaissais qu’il était à la tête du pays mais il n’était pas mon président. »
« MON ESPÉRANCE EST DE PARTICIPER AU MOINS À LA RENAISSANCE D’HAÏTI. SINON, CE N’EST PAS LA PEINE DE CONTINUER À SE BATTRE »
La classe politique, avec toutes les défaites qu’elle a connues, est-elle en mesure d’affronter les défis qui s’imposent actuellement ?
« J’en fais partie tout en étant en dehors des coalitions. Je pense que nous, qui agissons dans des structures partisanes, nous devrions comprendre qu’il y a une opportunité maintenant et que si elle n’est pas saisie, nous risquons de nous trouver dans une situation très négative. Par exemple, j’ai des réserves à l’égard des élections qui vont se planifier. Est-ce qu’il y aura encore 54 candidats ? Est-ce que, par exemple, à l’intérieur du G8, il n’y a pas la possibilité de s’entendre pour appuyer un seul candidat ? On va voir. La classe politique n’est pas usée, elle n’est pas moribonde. Il faut cependant un grand sursaut. Un grand sursaut qui n’est pas individuel mais plutôt collectif. »
Dans votre adresse à la nation, vous dites que vous êtes « en réserve de la République », qu’entendez-vous par là ?
« C’est le deuxième texte que j’ai publié. Dans le premier, j’annonçais un certain nombre de résultats qui se sont effectivement manifestés. Dans le deuxième, j’ai dit que je retirais ma candidature parce que c’est anachronique que je dise que les élections ne seront pas bien organisées et que je sois candidate. J’ai dit que je n’abandonnais pas la politique et que je me situais en réserve de la République. Il y a deux mots qui résument cela. C’est que je suis disposée et disponible. Je suis disponible si la patrie a besoin de moi. Mais la patrie ce n’est pas une fiction, ce sont les individus, ce sont les groupes. Si on a besoin de moi, je suis disponible et disposée. Je sais qu’on a beaucoup fantasmé au sujet de cette expression, surtout que j’ai parlé de transition. Et je maintiens l’idée qu’il nous faudrait une bonne transition mais pas de quatre mois, pas avec l’obsession de préparer les élections. Comme si c’était vraiment l’Alpha et l’Omega des solutions à la crise. Je répète que je suis encore disposée. »
Auriez-vous accepté le poste de Premier ministre sous la présidence de Jocelerme Privert ?
« Certainement. »
Pourquoi ?
« Parce que j’avais pensé qu’il y avait une possibilité de collaboration entre lui et moi, c’est quelqu’un que je connaissais un peu. Il m’avait dit que j’étais le Premier ministre de son cœur. Plus tard, il m’a appelée pour me dire qu’il avait des contraintes et qu’au Parlement il subissait des pressions. Il a choisi quelqu’un d’autre, c’était Fritz Jean. Il m’a offert le poste de ministre des Affaires étrangères, que je n’ai pas accepté. Parce que je pense, étant donné mon expérience, mes compétences et l’aide que je pourrais trouver du côté de beaucoup de compatriotes, que je pouvais aider dans cette transition extrêmement difficile. »
Quelle est, pour vous, la meilleure transition en Haïti ?
« La meilleure transition est une transition qui n’est pas d’abord focalisée sur les élections. Pour moi, c’est aberrant et ça neutralise d’autres objectifs associés à la transition. Une transition est un moment entre une situation délétère et une situation que l’on construit. Et à ce moment, on pose les problèmes fondamentaux du pays. Par exemple, une autre Constitution, la révision des principales institutions du pays, commencer à résoudre quelques grands problèmes. La transition, c’est ça ! »
L’accord du 5 février stipulait que les élections devaient être organisées dans les 120 jours. Auriez-vous accepté d’être Premier ministre pour 120 jours ?
« Non. Etant dans le pouvoir, j’aurais essayé quand même de transformer cet accord qui n’est pas constitutionnel. C’est un accord entre trois personnes. En Haïti, dans toute notre histoire, nous avons trop l’obsession de la durée et des dates. J’aurais quand même essayé d’assouplir cela parce que c’est évident qu’en 120 jours il n’était pas possible d’organiser les élections. »
Que pensez-vous des élites haïtiennes ?
« Les personnes de l’élite économique ont hérité de leurs pères d’une situation économique gratifiante. Ce qui frappe, c’est que cette élite – nous savons ses faiblesses et ses défauts – a éduqué ses enfants. Ils fréquentent les meilleures universités américaines et certains reviennent en Haïti pour prendre la succession avec un bagage qui les oriente vers la modernité. Cette frange de l’élite économique m’intéresse. Parce que, s’ils sont modernes, ils se rendront compte qu’ils peuvent continuer à faire de l’argent tout en se montrant intéressés par le devenir de la majorité de la population. L’élite intellectuelle est effritée. Elle opère dans les milieux intellectuels, lesquels ont beaucoup de problèmes. Chez nous, il y a une réforme en profondeur à entreprendre en ce qui concerne l’enseignement primaire, secondaire, universitaire et professionnel. Si l’on pense le développement du pays il faut penser à l’éducation. Concernant les élites politiques, c’est encore beaucoup plus éparpillé. On colle parfois des étiquettes qui ne sont pas justifiées. Elles ont juste un sens pour distinguer les partis les uns des autres. Mais la philosophie sociale-démocrate, démocrate chrétienne ou la philosophie communiste, à un certain moment, n’ont pas réussi à bien imprégner les esprits de méthodes, des propositions, des objectifs et des moyens d’action. »
Croyez-vous en l’avenir d’Haïti ?
« Oh oui !!! Mon espérance est de participer au moins à la renaissance d’Haïti. Sinon, ce n’est pas la peine de continuer à se battre. Je ne baisse pas les bras. Mais l’Haïti que je souhaite, je ne la reverrai pas. »