Desglaireaux : une richesse coloniale à découvrir

411
Photographies par Ralph Thomassaint Joseph / Challenges

Quand on parle du Nord en termes de région à hautes potentialités touristiques, la Citadelle Laferrière, le Palais Sans Souci, le Palais aux 365 portes et Labadee sont généralement mis en avant. C’est oublier l’Habitation Desglaireaux, au Quartier Morin, un site naturel abritant de grandes richesses coloniales.

Partant de la Cathédrale du Cap-Haïtien, le déplacement en voiture vers l’Habitation Desglaireaux ne prend que dix minutes seulement. Pour une première visite, il est préférable de se faire accompagner par quelqu’un qui connaisse sur le bout des doigts les richesses de cet espace naturel d’une quarantaine d’hectares totalement boisé et composé d’arbres fruitiers et forestiers dont le plus imposant est le Saman aujourd’hui bicentenaire, selon Smith Mondésir, le gardien de ce beau site. A 62 ans, il a suffisamment d’énergie pour veiller sur les vestiges coloniaux de l’Habitation Desglaireaux tels la plateforme de la maison des maîtres, la galerie de chargement des fours, la grande cheminée, les puits, l’abreuvoir, le moulin ou encore la tombe du général Bottex, petit-fils d’un général français, décédé le 22 mai 1892. « Son caveau est resté intact, 124 ans après… », se réjouit l’entrepreneur haïtien Daniel Zéphir estimant nécessaire d’inspecter régulièrement ce patrimoine qui reçoit la visite de touristes français, américains, italiens ou suisses.

 l’habitation Desglaireaux est située au sein d’un espace naturel totalement boisé d’une quarantaine d’hectares. Photographies par Ralph Thomassaint Joseph / Challenges
l’Habitation Desglaireaux est située au sein d’un espace naturel totalement boisé d’une quarantaine d’hectares. Photographie par Ralph Thomassaint Joseph / Challenges

Un projet ambitieux de valorisation
Avec une verdure surprenante et ces nombreux vestiges coloniaux, l’Habitation Desglaireaux présente tous les atouts pour devenir un parc touristique moderne très attrayant. Ce projet, bien réel et ambitieux, devrait démarrer rapidement. Tout d’abord une clôture virtuelle est envisagée pour délimiter le vaste terrain très convoité par plus d’un. Ensuite, un demi-carreau de terre sera réservé à la construction d’un hôtel à l’angle des routes nationales numéros 3 et 6. La création d’un musée qui regroupera l’ensemble des vestiges coloniaux et d’un jardin botanique qui comprendra des balises à partir des arbres vieux de plus d’un siècle afin de faciliter les promenades, est également programmée. Il est aussi envisagé la construction de bungalows dans les arbres pour pouvoir recréer l’ambiance coloniale d’autrefois. Nonce Zéphir, le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Nord, qui confirme l’existence d’un tel projet visant à faire de l’Habitation Desglaireaux un parc très attractif, rassure que tout sera effectué dans le respect de la nature, même si la coupe de plusieurs arbres ne pourra être évitée. « On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs… », rappelle-t-il.


Sur le blog de Jacques de Cauna*, de la Chaire d’Haïti à Bordeaux, on peut lire : « Desglaireaux est une habitation familiale qui connut divers propriétaires, entre autres, un roi d’Haïti : Henri 1er Christophe (1807-1811). Elle appartenait à la fin du XIXe siècle à la famille Bottex, descendant de ce général mulâtre, le baron Raimond de Bottex, aide-de-camp du Roi et commandant de l’Armée du Nord, dont la devise était Infatigable et qui fut un des derniers fidèles d’Henry Ier Christophe, lors de la rébellion qui causa son suicide en octobre 1820. Bottex était venu prévenir le roi de la défection de ses derniers soldats de la Garde Royale et de la garnison de la citadelle qui n’étaient sortis que pour se joindre aux troupes rebelles de Richard (Schœlcher, II, 154). Le général Narcéus Bottex, fils du précédent, gouverneur de la Grande-Rivière du Nord, sénateur et conseiller au Département de l’Intérieur lors de la révolte de 1889 contre le président Légitime, fut inhumé sur l’habitation, près de la Grand-case sous un mombin prunier, après son décès le 22 mai 1892 (Rouzier, IV, 64). L’habitation appartenait encore récemment dans les années 1980 à M. Lucchesi d’origine corse, qui vivait dans la sucrerie aménagée en maison d’habitation. »
* http://jdecauna.over-blog.com

Cossy Roosevelt

photographies par Ralph Thomassaint Joseph / Challenges
Photographie par Ralph Thomassaint Joseph / Challenges