Depuis la visite du Président Moïse à Taïwan en mai 2018, les liens d’affaires se renforcent entre Haïti et la République de Taïwan, avec de nombreux projets. Quelles promesses en attendre et dans quels domaines ?
Lors de sa visite en mai dernier, le Président de la République a évoqué avec Taïwan les différents projets qui pourraient sceller le partenariat entre les deux pays. Outre un accord de coopération dans le panier duquel on notera un prêt de 150 millions de dollars pour l’électrification et un engagement d’Haïti à soutenir Taïwan dans les grandes instances internationales, cette relation devrait stimuler des projets d’affaires.
20 projets dans la balance
Quelques semaines plus tard, une vingtaine de techniciens taïwanais arrivaient en Haïti pour faire un examen du réseau électrique métropolitain. Taïwan aidera Haïti à construire un réseau électrique à Port-au-Prince. Le projet vise à améliorer : les sous-stations électriques existantes, les réseaux de distribution d’électricité et les tours de transmission. Il vise également à former les techniciens locaux à la maintenance du réseau national. À part ce projet de modernisation du réseau électrique, il existe également une vingtaine d’autres projets évoqués par Jovenel Moïse. Parmi eux, un boulevard périphérique permettant de contourner Port-au-Prince, de Gressier à Croix-des-Bouquets, une liaison par chemin de fer entre Léogane et Saint-Marc puis Gonaïves, un programme d’augmentation de la production rizicole dans l’Artibonite, ainsi qu’un montage financier entre les deux banques centrales permettant des échanges pour soutenir les relations d’affaires ainsi créées.
Le secteur privé entre en jeu
Le mois de novembre accueille en Haïti une délégation d’hommes d’affaires taïwanais, en retour d’une visite rendue par une délégation haïtienne fin septembre. Conduite par la directrice du CFI, Tessa Jacques, un groupe de représentants du secteur privé constitué de Gilbert Hyppolite, le président de la Chambre Haïtiano-Taïwanaise, Georges Sassine, président de l’ADIH, Bernard Craan, président de la CCIH, Patrick Béliard, le vice-président de la Chambre de Commerce du Nord, Marc-Antoine Acra, du groupe Acra et Lionel Delatour consultant de l’ADIH, était parti quelques jours à Taïwan pour avancer sur les projets en discussion. Leur approche, dans une perspective d’affaires, s’est tournée plus spécifiquement vers des dossiers concernant directement le secteur privé.
Opportunités… qu’il faudra savoir saisir
Alors que les usines de confection taïwanaises installées en Chine souffrent des restrictions tarifaires décidées par Donald Trump, Haïti pourrait bien y trouver son compte, en leur fournissant les opportunités de délocalisation de production qui bénéficient de la loi Hope. Encore faudra-t-il construire des bâtiments industriels rapidement et surtout faciliter concrètement le processus d’installation de ces potentiels investisseurs. Les visiteurs haïtiens du secteur privé ont également entamé des rapprochements dans les domaines financiers, ceux de la construction de logements populaires, de l’agriculture ou du ciment, ainsi que pour envisager l’aménagement du port du Cap-Haitïen. Afin de concrétiser ces avancées, la visite de la délégation taïwanaise de novembre devrait se concentrer sur les projets réalisables et leurs hôtes haïtiens les inciter à investir dans le pays et accompagner leur installation en pratique.
Jouer le tandem « public-privé »
« Au-delà du textile, ces investissements pourraient porter sur la fabrication de panneaux solaires, l’assemblage de motocyclettes, la production de pièces automobiles, les plantations de bambou et leur transformation… autant de centres de production qui font appel à une intensité de main-d’œuvre importante », explique le président de l’ADIH, Georges Sassine. La création de la Chambre de Commerce Haïtiano-Taïwanaise donne le signal d’une mobilisation du secteur privé. Haïti a décidément une carte à jouer avec ce pays fortement industrialisé et qui montre de réelles velléités d’investissement. Il faudra veiller à libérer la route des obstacles habituels, capables de décourager plus d’un investisseur dans le passé, mais aussi résister au chant des sirènes que la « grande » Chine ne cesse de jouer dans les oreilles des institutions gouvernementales au risque de brouiller les messages et les pays amis…
Stéphanie Renauld Armand