Le tronçon Fonds-Parisien-Fonds-Verrettes ne figure pas en 2016 sur la liste des priorités de l’Etat. Cette route conduisant jusqu’à Anse-à-Pitres est pourtant l’une des plus dangereuses du pays…
A e soleil éclaire de tous ses rayons une suite de collines éventrées dévoilant leurs entrailles blanches. Une étroite voie considérée comme la principale route conduisant à Fonds-Verrettes est bornée au Nord par les falaises de César. A 950 mètres d’altitude, les rochers ressemblant à des blocs de récifs invitent à la prudence. Toute chute y est fatale. Pourtant, ce passage obligé est emprunté quotidiennement par des véhicules bondés de passagers. Un trajet qui fait grincer les dents de peur puisqu’on roule à deux doigts des précipices de César sur des cailloux glissants et tranchants.
Entre Fonds-Parisien et Fonds-Verrettes, on ne croise que des 4×4 et des autobus durs comme fer qui, pourtant, paient les conséquences de l’état lamentable de ce tronçon. Outre les falaises, des cours d’eau serpentent la route laissant bassins et cratères à braver. Les colis et les passagers montés sur le toit des véhicules résistent difficilement aux balancements violents. Parfois, le conducteur perd le contrôle de sa machine et évite de justesse les escarpements. En raison de ces dangers, les conducteurs de véhicules prennent le maximum de précautions. Des incidents mortels se produisent inévitablement tel celui de ce pick-up de la Digicel entraînant dans sa chute trois personnes.
Des voyages cauchemardesques
En 2004, toute la région de Fonds-Verrettes fut endeuillée par des inondations qui ont coûté la vie à 238 personnes. Des ONG accoururent au chevet des victimes et promirent monts et merveilles : construction d’une cité moderne sur les hauteurs, hôpitaux équipés, dispensaires, marchés publics salubres, eau potable, routes et ponts, etc. Près de douze ans après le drame, c’est plutôt le désespoir et la désolation totale.
« OUTRE LES FALAISES, DES COURS D’EAU SERPENTENT LA ROUTE LAISSANT BASSINS ET CRATÈRES À BRAVER »

Pour pouvoir contourner la vallée des alluvions, un tronçon en terre battue est construit par le Centre national d’équipements (CNE) pour un montant d’environ 6 millions de gourdes. De fait, l’œuvre inachevée n’a duré qu’un laps de temps, des pans de terre fragilisés par les
eaux de ruissellement s’écroulent continuellement. Résultat : seuls les motocyclistes empruntent cette voie aussi dangereuse que les falaises de César. La ravine devient incontournable. Toute personne qui a effectué le trajet Port-au-Prince/Fonds-Verrettes à bord d’un 4×4 ou d’un autobus, et dans le pire des cas à moto, a besoin d’au moins deux jours de repos et de massages pour combattre les douleurs qui en découlent. Et un trajet Port-au-Prince/Thiotte implique trois jours tant l’état des routes est catastrophique. « Une situation qui décourage », regrette l’agronome Witzer Cyprien très impliqué dans le développement de sa commune depuis deux décennies. En raison de l’absence d’infrastructures routières adéquates, des tonnes de denrées périssent sur place, souligne-t-il. Le Pasteur Louis Medez, coordonnateur de la Fédération des Associations de Fonds-Verrettes, espère que la prochaine administration prendra en compte cette attente. Au cours de la campagne présidentielle, Jude Célestin, du parti LAPEH, s’est engagé à s’attaquer à ce dossier mais les 80 km pourraient coûter plus d’une centaine de millions de dollars. La construction de plusieurs ponts, notamment, sera obligatoire. Or le budget 2015-2016 ne prévoit pas ce fonds dans la ligne consacrée au ministère des Travaux publics…
Cossy Roosevelt